Le toucher était au départ partie intégrante des premières psychothérapies. Freud lui-même massait ses patients et patientes avant qu’il ne se dirige vers d’autres voies théoriques et qu’il n’interdise cette pratique. Ses disciples et successeurs dont Fliess et Reich reprirent cette méthode. Aujourd’hui cette pratique est très liée à la gestalt-thérapie et au courant humaniste. La gestalt thérapie considère que le corps et l’esprit font un ensemble, c’est dans ce cadre que l’on intègre le toucher dans une thérapie humaniste. C’est un sujet qui est lié à la cognition incarnée, à l’haptique, et qui est compatible avec les principes cliniques proposé par Gilles Deleuze.
Pour qui?
La psychothérapie corporelle est indiquée pour les personnes souffrant d’isolement social et affectif, d’anxiété, de crise de panique, de dépression, d’angoisse, de stress, de dépersonnalisation ou de dissociation, de problèmes d’identité, de troubles psychosomatiques, notamment ceux liés à la peau, mais aussi les problèmes de phobies du contact.
Pourquoi?
L’utilité de la psychothérapie corporelle repose sur l’idée que les
tensions psychologiques et émotionnelles se nichent dans le corps. Et, qu’il n’est pas toujours possible de les faire baisser par l’accès à la parole, ni même de pouvoir les symboliser, c’est pourquoi la psychothérapie corporelle peut être un point d’accès pour décoincer une situation.
D’autre part, ces tensions, parce qu’elles engendrent du repli sur soi ont tendances à éloigner les gens de soi et à limiter les contacts physique (bises, poignées de mains, embrassades, caresses, tapes) qui participent à la prise de conscience de sa présence au monde et à sa socialisation. Cela procède à une déréalisation de soi, progressivement à une dépersonnalisation, qui, peu à peu enclenche un processus de désocialisation ou le renforce. Cette méthode permet d’inverser ce processus.
La psychothérapie corporelle permet encore un travail d’élaboration pour des problématiques impliquant le contact, ainsi que la représentation du corps et son inscription dans l’imaginaire.
Cela permet enfin de travailler sur des problématiques relationnelles liées à des problèmes psychosomatiques.
Comment?
Quant à son fonctionnement, la mise en œuvre de la psychothérapie corporelle est très codifiée. Elle suppose plusieurs modalités.
Par contact direct : le contact se réalise à même la peau
Par contact indirect : le contact se réalise à travers les vêtements
Par contact interpersonnel : Le contact se réalise entre le patient et le psychologue.
Par contact intra-personnel : Le contact est réalisé par soi-même sur soi-même.
Par porté partiel : Le psychologue ou un tiers ou soi supporte les mains ou la tête ou le buste du patient par exemple.
Par enlacement : le psychologue ou un tiers enserre entre ses mains ou dans ses bras le patient.
À distance : les mains du psychologue dans ce cas sont à quelque centimètre du corps du patient.
Dans tous les cas :
La psychothérapie corporelle suppose toujours une discussion préalable pour préparer et voir s’il est pertinent et possible de mettre en œuvre cette technique.
Le patient peut interrompre le contact à tout moment.
La pratique suppose toujours une discussion après la séance, pour discuter des éprouvés qui ont eu lieu lors du contact et faire le bilan de ce qui a été vécu.
Des garanties d’hygiènes élémentaires sont à requérir de part et d’autre
La pratique se déroule dans un cadre de neutralité bienveillante et exclut toute ambiguïté sexuelle ou amoureuse entre le patient(e) et le psychologue.
En général, le toucher direct interpersonnel entre le psychologue et le la patient(e) est évité le plus possible et ne sera retenu qu’en dernière intention.
Le plus souvent on préférera privilégier le contact intra personnel et où à distance, en ayant recours au mimétisme ou à la suggestion, où, dans ce cas, le psychologue indiquera les gestes à réaliser.
Dans le cas où le toucher, dans une configuration interpersonnelle patient/psychologue, est malaisant pour le patient et susceptible d’avoir des répercussions indésirables sur sa vie sociale et relationnelle, comme cela peut être le cas s’il est en couple, une alternative sera mise en place. Dans ce cas c’est la compagne ou le conjoint du patient qui devront réaliser les contacts et le psychologue dans ce cas mènera une guidance ou un travail de psycho-éducation à distance pour accompagner le couple dans ce travail.
Le toucher vise à produire rapidement un effet apaisant chez le demandeur, et permet, par la prise de conscience que cela produit d’évacuer les tensions accumulées. Les tensions sont ainsi reconnues et la présence au monde du patient attesté. On peut alors traiter symboliquement ces tensions, les parler, les relier à l’imaginaire.
Cela n’est ni un massage, ni une pratique de kiné.
Le contact des zones érogènes, (fesses, seins, mamelon, pubis, cuisse) s’il peut-être accidentel est strictement exclu comme zones de travail. Les zones d’application sont les mains, le visage, les pieds, le ventre et le dos. Cela s’accompagne généralement d’exercices de respirations.
La psychothérapie corporelle suppose de toute façon le consentement éclairé du patient. Elle ne saurait être que profondément reliée au contexte et à la problématique du patient. Cette pratique n’est jamais utilisée en première intention, elle suppose une confiance réciproque préalable entre le patient et le psychologue.